Elvire Caillon

Les toiles d’Elvire Caillon sont au premier regard la traduction d’images communes du bonheur : scènes quotidiennes de vie tranquille, enfants, visite de groupe dans un musée, vacances, parcours d’escalade, quai de métro,… des représentations familières de la vie d’aujourd’hui, jamais faites sur le motif mais montées à partir d’une de ses photographies ou d’un dessin projetés sur la toile, permettant un cadrage précis et audacieux.

Mais ces images apparemment ordinaires, par un jeu de passages et de présences, ne sont pas naïves. Leur apparente simplicité est le résultat d’une vitalité sans cesse remise à l’épreuve pour atteindre une plénitude où tout vibre grâce à des couleurs et des formes qui se répondent l’une l’autre. Parfois le sujet émerge de la toile brute et la densité vibratoire de la touche amène encore plus d’énergie à la composition.

Les tableaux d’Elvire Caillon sont inspirés, sa peinture suggère beaucoup. Elle restitue la charge émotive de l’image en neutralisant certains détails de la forme et en jouant sur les différentes teintes. Elles provoquent une véritable réflexion née de tensions multiples, entre la conscience lucide que tout change et un monde utopique. Tout en maintenant la séduction de ses toiles (coloris suaves, image immédiatement lisible, sureté technique), elle établit ainsi un véritable acte de présence aux choses et crée dans l’espace du tableau une reconstruction figurative faite d’empathie et de conscience aiguë d’une certaine fraternité, un jeu de discernement et d’osmose, d’observation et de sensation.

Au Salon de Montrouge, Elvire Caillon présente un ensemble de toiles de grand format autour de la notion d’édifice, mettant en scène les liens entre grande Histoire et monde contemporain, dans la ville de Rome où elle vit et travaille cette année.

Françoise Docquiert