Vit et travaille à Paris. Né en Roumanie en 1989
Alchimiste imprégné de jeux vidéo et de science-fiction, Traian Cherecheș a pour ambition de capter les forces du vivant, entre processus de création et de destruction, de contraction et d’extension, de métamorphose et de transmutation.
Tout commence chez lui par des dessins à travers lesquels il puise dans son inconscient, donnant à voir des enchevêtrements de lignes, de courbes et de spirales évoquant aussi bien des vortex, des intestins que des squelettes de créatures inconnues. À partir de ces esquisses, valant comme des œuvres à part entière, l’artiste conçoit des objets hybrides, composés de mousse polyuréthane expansive, armés de structures en métal ou en bois, ensuite recouverts de différentes couches de peinture à l’huile et de gouache à l’aide de pinceaux et de pistolets, créant ainsi des surfaces animées et texturées, à la fois éruptives et comme frappées d’érosion. Tout en creux et reliefs, ces « sculptures-peintures » d’aspects organiques et synthétiques, charnels et mécaniques captivent le regard qui s’y plonge et s’y perd dans une confusion des échelles, entre microcosme et macrocosme, faisant le lien entre réalités terrestres et cosmiques. Non dénuées d’une certaine violence, ces « objets » prennent parfois la forme de roues et laissent apparaître des fragments de pièces métalliques, comme si l’artiste convoquait ce que Theodor W. Adorno appelait « négativité », à savoir les contradictions et dissonances de la raison instrumentale. Si des ressemblances figuratives surgissent ça et là, une ressemblance plus profonde agit néanmoins dans les œuvres de Traian Cherecheș, non pas par le recours à un code préalable mais sensuellement, par la sensation d’un double mouvement de formation et de déformation de la matière, telles des fenêtres sur le chaos.
Sarah Ihler-Meyer