Vit et travaille à Genève. Née à Decines-Charpieu en 1992
Les œuvres de Pauline Cordier commencent par des promenades. C’est un chemin physique puis intellectuel et formel qui se déploie et que l’artiste nous invite à suivre. Tout d’abord des objets trouvés, des formes simples et énigmatiques glanées ici et là dans son quotidien pour leur aspect et l’indépendance de leur présence. Puis des dessins. Des formes encore mais sorties de l’imaginaire de la jeune artiste. Comme un grand répertoire de formes simple et épuré non sans rappeler ceux de Sol Lewitt. Un langage formel et fragile qui met en place une poétique de l’espace. A partir de ce répertoire une harmonie se crée entre une forme existante, trouvée, et une forme issue de l’imaginaire de l’artiste. Se déploient alors dans l’espace de grandes sculptures étranges, paradoxales, à la fois très simples et très complexes. Adaptées à leur environnement elles sont construites sur des contrastes : de structures, de couleurs, de textures, d’utilité. Ainsi un sac de liquide jaune fluo tente-il de s’échapper d’un monument de briques de béton (BLU, 2014). Ou bien c’est une petite brique, bleu roi cette fois, posée au sol et qui soutient une immense structure de fil de fer (HMMMELLEM EHMLEL, 2017). Une lutte et une harmonie entre deux matérialités qui aboutissent à un équilibre précaire mais bien réel, en tension.
Puis la balade se poursuit dans le langage puisqu’à chaque forme inventée correspond un ensemble de trois lettres pensé et rêvé par l’artiste, qui viennent s’additionner lorsque les sculptures combinent plusieurs formes. De là découlent les noms poétiques et étranges de ses œuvres : SERREL SERREL, SKU, XERFFU APHPHE, etc.
Pour le salon de Montrouge, Pauline Cordier a pensé trois nouvelles sculptures (Les trois sculptures forment la phrase sculpturale RENREN JELOUX, 2019) en choisissant d’intégrer ce langage formel à celui de l’espace dans lequel elles viendront s’intégrer. Bois, verre, granit, acier viennent ici se mêler avec fragilité pour intégrer l’espace dans sa verticalité, déjouer les contraintes d’un espace au sol limité. Il ne s’agit pas simplement d’œuvres in situ ou de ce que l’on appelle des site specific installations mais bien de créer une nouvelle narration dans l’espace, faire émerger un langage par rapport au lieu et à l’environnement, faire émerger l’imaginaire à partir du quotidien.
Anne-Sarah Bénichou