Vit et travaille à Paris. Née aux Etats-Unis en 1984
« Dear readers, abbreviations suck ». C’est par une parole délestée de raccourcis, au cœur d’installations et réseaux éprouvant la place d’écrits poétiques, qu’Alex Housset analyse le sens du texte, sa nature aussi mouvante qu’un insaisissable organisme. I am a moth / Longing for the moon…. Contre les déterminations et déterminismes, son travail s’affranchit d’objets définis au préalable, au seul profit d’une exploration des formes visibles et invisibles - ces dernières constituant la majorité de ce que nous sommes et de ce qui nous entoure.
L’élaboration d’une pensée critique et autonome, non conditionnée par une perception du langage ou du temps comme simples consommables, met en jeu l’aspiration à une liberté retrouvée, parfois formulée en contrepoint. Ainsi, Like a jail, reproduction réduite des cellules d’isolement aux États-Unis, use des claustrations physiques et mentales, de l’implacable surveillance panoptique - watch each other watching - comme leviers de censure, voire d’autocensure. L’insinuation est intimidation, la médiatisation de soi est une spéculation spéculaire, propice au doute (Desire, 2018), à la déformation par le verre épais d’une bouteille à lancer à la mer (Sent sunken or saved, 2018). La lecture apparaît alors comme un acte de sur-vivre : des existences autres que la sienne, une aspiration civilisationnelle, substituant aux réseaux virtuels des mises en relations tangibles, à la manière d’un poème composé par les couvertures de livres mis bout à bout (Cover stories, 2018-2019). L’enjeu en est le déplacement des centres : de la représentation, à l’identité ; du reflet, à son incarnation ; du lacunaire, à l’infini de l’espace en soi.
Audrey Teichmann