Vit et travaille à Nice. Né à Nice en 1989
Le monde de Jean-Julien Ney est celui des objets : de machines étranges que l’on regarde sans comprendre, autour desquels on tourne comme si une vie propre et hermétique les habitait. L’artiste parle de « clés sans serrure ». Sa pratique est basée sur une imbrication de l’image et de la sculpture. Il s’intéresse tout particulièrement aux processus de fabrication de celles-ci et à la façon dont on peut décomposer le protocole de monstration jusqu’à l’extrême. A partir d’objets existants, il démultiplie à l’infini, copie les images jusqu’à des photographies abstraites dans une altération de l’information première, désosse des magnétoscopes, des appareils photos, des claviers d’ordinateurs et les recomposent dans de grandes structures étranges qui bougent, murmurent, respirent, parlent parfois, pour aboutir à des systèmes sculpturaux qui ont leurs propres codes et logique. Parasitage de la bande vidéo d’une cassette sur un documentaire historique qui tourne en boucle sur une pause infinie et s’altère davantage à chaque passage (Opérateur aveugle (transcrire les roches), 2018) ; dispositifs de vision qui définissent des points de vue et altèrent l’information par des couleurs, des filtres, des reflets (Intervalle des arbres entre les arbres, 2014) ; mires de calibration optique qui débordent, dégoulinent et sont si floues que pendant quelques secondes on ne sait pas si c’est une image ou du volume (Concentric_Circle_Crosshair_Grid_Target_A1-52.jpg, 2017) : tout est fait pour induire un décalage entre la réalité et l’interprétation de la machine qui donne sa propre vision des formes et du réel. Les œuvres de Jean-Julien Ney deviennent alors des « kaléidoscopes de réel » : au sens propre, comme au sens figuré ainsi que le disait Proust de l’art. Pour Montrouge, l’artiste a choisi de proposer des installations en se concentrant sur les outils de construction de l’image et de diffusion. Telle une archéologie des médias, des années 1990 à aujourd’hui, il déploie des machines et sculptures dans une forme tautologique qui semble les humains du monde des objets. Jean-Julien Ney parvient alors à créer une mythologie personnelle et animiste faite de lecteurs cd, toners imprimantes ou encore claviers d’ordinateurs…
Anne-Sarah Bénichou