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Camille Sauer

Vit et travaille à Paris. Née à Deauville en 1993

camillesauer.com

Sauer Camille, L'Homme sans aveu, 2018, Matériaux divers, 80 x 40 x 40cm, Dimensions variables, L’Homme sans aveu, 2018, sculpture interactive, 40 x 40 x 80 cm, © Camille Sauer, André An

Sauer Camille, Vous vaincrez sans convaincre, 2017, matériaux divers, 80 x 400 x 200cm, Dimensions variables, Vous vaincrez sans convaincre, 2017, sculpture interactive, 200 x 400 x 80 cm, © Camille Sauer, André An

Sauer Camille, Camille Sauer, 2018, Photographie, Camille Sauer, 2018 © André An

Sauer Camille, Champ de pensée, 2018, Dessin + collages, Champ de pensée 2, Dessins et collages, 2018

Le travail de Camille Sauer se découvre, se pense, se comprend en rouge et noir. C’est un travail engagé, passionné, contrasté, sans fausses nuances, renouant avec cette acception classique de l’artiste qui prend position dans la société : pour la comprendre, donner à la penser et surtout la changer. Mais sans tragique, avec finesse et humour en intégrant le jeu, la performance, la musique dans des œuvres qui doivent être activées pour vivre. Rouge et noir comme la vie et la mort, mais aussi comme ces notes rouges sur les partitions de musique dont la jeune femme s’inspire régulièrement. Il s’agit de créer les expériences d’œuvres. Ainsi Plan de table (2018) est un jeu d’échec dans une boîte qui renfermerait tout le système du monde : comme un cerveau qu’on ouvrirait et dans lequel on viendrait jouer. Ou bien L’homme sans aveu (2018): un plateau d’échec sur lequel on rajoute un pion : le marginal (le criminel, l’artiste…) et qui invite un troisième joueur en marge de l’échiquier.

Mathématique, logique, géométrie, jeu de société, toute la rigueur scientifique de l’artiste se déploie mais en dialogue avec la spontanéité, l’imaginaire, l’improvisation. Car à l’image de l’œuvre Cloister/Cluster (2018) qui vient interroger la rigueur et l’enfermement face à l’improvisation du jazz, tout le travail de Camille Sauer repose sur cette fragile tension entre la géométrie stricte, la logique de la maîtrise et l’ouverture de tous les possibles. Ou comment grâce à l’artiste, retrouver la liberté de penser une société réinventée au sein des normes et de l’enfermement moral et politique. C’est justement cette figure prophétique de l’artiste qu’interroge Camille pour le Salon de Montrouge. Comme chez Baudelaire, l’artiste est un fou qui porte la beauté et la question du monde. Dans une installation performance intitulée I like society and society likes me (2019) comme une référence à Beuys, la jeune femme exprime la condition de l’artiste dans la société en portant ce costume social qu’on lui attribue et en le retirant pour le troquer contre un ensemble de plateaux de jeux sur lesquels elle vient inviter les visiteurs à recomposer le réel.

Anne-Sarah Bénichou

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