Vit et travaille à Paris. Né à Dieppe en 1991
Le monde de Maxime Verdier est celui d’un univers onirique, mi féerique, mi cauchemardesque qui n’appartient qu’à lui. A partir de souvenirs d’enfance et d’anecdotes de son quotidien, le jeune homme aux doigts de fée crée des formes, des sculptures, des dessins et des environnements qui nous racontent des histoires. Peuplées de bars à bière en forme d’éléphant bleu ciel, de billard rose chair, de petits yeux en bronze qui courent, de cabanes dont sort une main jaune géante, mais aussi de bidons bleu klein débordant de mousse et sur lesquelles se greffent un œil, des oreilles, des nez... Rien n’est laissé au hasard. Chaque sculpture lui demande des semaines voire des mois de travail ; l’artiste s’essaye à toutes les techniques jusqu’à parvenir au résultat escompté. Des dessins viennent en amont des recherches ou comme une ponctuation poétique de ses grandes installations. Comme des cadavres exquis, ses œuvres mêlent formes existantes, souvenirs, inventions plastiques mais aussi douceur, poésie, terreur. Les chimères qui sortent de son atelier proviennent-elles de ses rêves comme l’inviterait à penser sa sculpture Erection (2015) ? Celle-ci représente un lit dont les pieds ont été remplacés par des polyèdres en bois empruntés à la Melancolia de Dürer et recouvert d’un grand drap blanc qui s’étire vers un point suspendu au plafond comme un baldaquin ou comme un fantôme… Ce sont des représentations de l’angoisse, des traumatismes de l’enfant - comme ce « Je suis perdu.. ? » (2017) tricoté par sa mère sur une écharpe. Mais aussi de la magie grâce à son talent manuel et à la liberté de faire naître des formes à partir des matériaux qu’il touche. Tel un apprenti Frankenstein qui s’essayerait à manipuler le feu, Maxime Verdier donne vie aux objets. Et pour le Salon de Montrouge, il pousse davantage encore ce sentiment de toute puissance créatrice en réfléchissant cette fois sur le corps humain. Quelles sont les limites du corps, comme celui-ci peut-il se transformer jusqu’à l’inhumain parfois ? En relisant des photographies d’hommes bodybuildés, mais aussi l’iconographie qui se développe autour des premiers films de science fiction tels que The Thing de Carpenter ou les toutes premières photographies médicales et un imaginaire autour de l’obsession des fluides corporels, Maxime Verdier propose un corpus fantasmagorique et inquiétant.
Anne-Sarah Bénichou