A l’intérieur de l’exposition, paysages ou architectures investis, est formé des zones fictionnelles dans laquelle se développent des ensembles organiquement liés par des parties autonomes. Chaque partie est une sculpture poreuse, chargée de la même substance qui les compose toutes. La substance est issue d’un passé préindustriel qui s’établit dans un futur proche au climat politique dominé par les logiques d’analyses du comportement, de performance et de mobilité d’entreprise. Un lieu où les mythes et légendes n’ont plus leur place.
La zone est celle d’une traversée qui engage le corps dans un espace instable. Chaque territoire tel qu’il est, peut-être conquis par cette réalité étrangère. Toute espèce compagne mis à mal par la structure humaine dominante est la bienvenue dans ces zones, qu’elle soit non-humaine, vivante, non-vivante pour ainsi envisager de nouveaux dialogues.
À travers chaque nouvel ensemble j’attache de l’importance à la manière de faire, à celle des bons gestes, à choisir la bonne technique et les bons collaborateurs, oubliés de la chaîne de production. Les matières qui constituent les pièces sont organiques, fleurs, miel, propolis, chêne, spiruline, résine de pin et produits de l’industrie, silicone, inox, béton, fibre de bore, toile de cuivre, verre. C’est précisément dans ce processus d’addition et de confrontation paradoxale de matériaux aux propriétés dissonantes que se forment simultanément poison et antidote ; un exercice qui tiraille l’intérieur des sculptures, entre l’effondrement de leur intégrité et la nécessité d’avoir une apparence séduisante.
Les sculptures qui jonchent les espaces parasités sont des leurres, formes accueillantes, elles sont pétries par l’ambiguïté de leur véracité. Au centre de leur conception élémentaire chacune peut être un piège porté par la violence du pouvoir exercé. Les idéologies anthropocentrées qui les composent sont détournées, il s’agit d’user de décalages comme le déplacement géographique et symbolique. Les matériaux sont invités à dialoguer avec chacune de leurs propriétés intrinsèques, couplés et sabotés, leur nouveau fonctionnement vient déranger le réel. Teintés d’hybridations de corps humains, de métiers, d’outils et de matières. Une fois installés dans une situation, ces éléments semblent s’y greffer et proposer le récit d’un syncrétisme.