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Victorien Soufflet

painting for babies, 2023

There some traps in this house […] | 2022 | Air de Paris

le vrai sexe | 2020 | Romain Darnaud

it’s giving traps in the house glocks under dress shit on the swords reproductive justice simple | 2022 | Marc Domage

Résistance des fluides, Marcelle Alix, 2023 | 2022 |

Née en 1992 à Bagnols-sur-Cèze.
Vit et travaille à Paris.

Diplômée de École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy.

La pratique artistique de Victorien Soufflet navigue entre plusieurs médiums : sculpture, installation, peinture, écriture et édition. Dans son travail, Victorien Soufflet questionne les conditions de subsistance des jeunes artistes ainsi que le régime politique de l’hétéronormativité à travers une réappropriation du concept de reproduction. Elle questionne les poncifs de l’histoire de l’art masculine, blanche et cisgenre, notamment le geste de l’artiste – et son autorité – à travers une démarche d’autodétermination artistique et biographique. À partir de matériaux personnels, elle met en jeu des stratégies de survivance qui informent les conditions de production de ses œuvres, leurs titres et leurs contextes de monstration. L’œuvre Daybeds, Day Dream, They Have Non Reproductive Desires (2020) en est un exemple, présentée au travers d’une vitrine et de « filtres de subjectivité » teintés de jaune et de violet. De son vieux lit qu’elle scie en trois morceaux, elle fait une sculpture qui révèle le lieu de « désirs non-reproductifs » comme un site de queerness, tout en mobilisant le contexte de l’exposition pour recycler un objet devenu inconfortable. Plus tard, un drap, une râpe, un mixeur, etc., objets offerts par sa mère ou ses grands-mères, deviennent des matériaux de travail artistique, et disposent une stratégie de critique institutionnelle pour générer une économie artistique. Victorien Soufflet utilise ainsi les budgets d’exposition qui lui sont alloués dans le but de rendre le quotidien moins précaire : en transformant de vieux objets en matériaux artistiques, elle troque une matière à produire des œuvres contre de meilleures conditions d’existence matérielles.

Initialement issue d’une formation en design, elle s’intéresse aux emprunts des industries technologiques à l’histoire de l’art, et à la manière dont ces phénomènes de citation plus ou moins assumés informent les interfaces de nos outils technologiques. Dans High Flower Power, A Persistent Study of iPhone UX Design (2018), elle met en forme une expérience de persistance rétinienne à partir du design de l’interface d’Apple, tout en pointant une certaine proximité formelle avec le travail d’Hilma af Klint. Cette surimposition de signes et de couleurs travaille également la question de la reproduction via la persistance de codes esthétiques à travers le temps.

Victorien Soufflet s’est également impliquée dans la coordination de projets collectifs tels que la revue SHOW ou Keur, un espace d’exposition indépendant installé dans le vingtième arrondissement de Paris jusqu’en 2022. Sa pratique éditoriale prend parfois la forme d’essais visuels, tels que Oh Man Give Up on Being a Man Man (2020), un texte composite naviguant entre théorie queer, meme culture et critique artistique, pour lequel elle sollicite divers auteur·ices et auquel elle intègre des fragments de leurs propres écrits.

Thomas Conchou

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