Floryan Varennes

Les sculptures et les installations de Floryan Varennes sont ancrées dans trois champs de recherche stratifiés : celui de l'amour courtois, issu du Moyen-Âge, dans ses réverbérations du XIX au XXI e siècle ; celui, lexical et formel, du soin et du médical ; celui du rapport au genre, que ce soit le non-genre ou la transidentité.

Il reste minimal, clinique et sophistiqué. Tout son travail s'articule autour du corps et de ses extensions. Sans jamais le représenter directement, il l’appréhende en tant que phénomène symbolique, psychologique et historique dont il subvertit les systèmes référentiels, qu'il s'agisse des conventions vestimentaires, d'identités de genres, d'autorités sociales, des normes médicales ou des stéréotypes historiques dans un geste de déconstruction. Une de ses pièces maîtresses est Fin'amor (2018), une lance de joute en verre qui, suspendue de manière invisible par le trou d'une mandorle, articule un phallus et un vagin dans la lutte vitale et amoureuse pour la jouissance et construit ainsi un corps métaphorique androgyne. Tout comme l’oeuvre Jouvance (2018), d'un blanc immaculé, avec sa figure de sexe féminin en minerve médicale, ainsi que sa grande oeuvre tridimensionnelle Discipline (2018), cousue en orthèse médicale en velours, qui puise dans la sémantique du corps en soin tout en véhiculant le vocabulaire des jeux de rôles BDSM, avec ses rivets et ses anneaux. Il en va de même pour la camisole de force en forme de blason, à connotation à la foi morale et martiale. Cet écu armorial contemporain appartient au registre de la thaumaturgie, selon l'idée de contraindre le corps pour le guérir. Emblématique de l'alchimie sémantique foucaldienne de l'artiste, elle indique chez lui un fort ancrage dans les mondes hétérotopiques du bondage, du milieu hospitalier et du soin, laissant ouvertes plusieurs portes d'entrée à ce travail sur les normes sociales et historiques.

Juliette Soulez