Né en 1994 à Toulouse
Vit et travaille à Paris
Formation : Beaux-Arts de Lyon, Lyon (2013 - 2017)
Supports utilisés : Sculpture, Vidéo et Son
Baptiste Brossard est un perfectionniste qui fait de chacun de ses films des petites bombes à retardement d’une grande précision, distillant dans l’esprit du regardeur un sentiment de menace immédiat.
C’était le cas dans Propane, tourné aux abords d’une usine de pétrochimie depuis l’autoroute du Soleil où il est resté posté pendant des heures dans l’attente de l’image qui condenserait plusieurs couches d’histoire récente avec, notamment, cet avion qui semble pris dans l’incendie d’une des tours d’évacuation des fumées toxiques ou ce gros plan sur un homme pris en flagrant délit de manipulation d’arme… factice.
Car ce qui intéresse tout particulièrement cet artiste fan de dark techno et de synthé modulaire, c’est le millefeuille, le hors champ comme il dit, qui fait qu’une image peut en cacher une autre construisant petit à petit un continuum dans l’histoire de la guerre et de la société de contrôle. Aussi, s’il regarde du côté des conflits du XXe siècle, collectionnant et détournant les paraboles, oscilloscopes et autres talkie walkie utilisés pendant la guerre de 14-18 ou la Guerre d’Algérie pour donner du coffre à ses vidéos, Brossard est de plain-pied dans le monde contemporain, qui ne rechigne pas à fréquenter assidûment les réseaux sociaux où se diffusent massivement propagande terroriste, fake news et images trafiquées qui alimentent la banque de données de l’artiste.
Nourris de cette culture-là et de cinéma expérimental, les films gomment pourtant dans leur forme finale tous les indices temporels ou idéologiques pour tendre vers une forme d’universalisme encore plus paranoïaque, et se présentent généralement en vis-à-vis de sculptures en béton armé qui en obstruent la lecture. Polysémiques comme le sont ses vidéos, elles évoquent indifféremment l’architecture brutaliste, des éléments de chantier ou des instruments de torture, à l’image de cette sculpture à échelle humaine, Ligne de mire, qui fait penser à une guillotine.
Par Claire Moulène