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Lauren Coullard

Née en 1981 à Paris
Vit et travaille à Paris

Formation : Chelsea College of Art and Design, Londres (2008 - 2010)
Supports utilisés : Peinture

laurencoullard.com

Bethsabe Recevant, 2017 Huile sur toile, 146 x 114 cm Photo : Romain Darnaud

Prencipe Galeotto, 2017 Huile sur toile, 100 x 81 cm Photo : Romain Darnaud

Streak, 2017 Huile sur toile, 65 x 54 cm Photo : Romain Darnaud

Whiplash Physical, 2017 Huile sur toile, 65 x 54 cm Photo : Romain Darnaud

Les peintures de Lauren Coullard ressemblent à des suaires. Il n’y a rien de mortifère pourtant dans ses tableaux arlequins et toonnesques, dont la palette, sûre d’elle et de ses effets, ose toutes les combinaisons.
Disons plutôt qu’ils ont une certaine faculté à faire remonter à la surface des personnages enfouis et des épopées lointaines, comme ici, un reliquat d’amour courtois, tel qu’on le pratiquait au Moyen Âge, mais qui chez Lauren Coullard s’actualise et s’étoile aux quatre coins du tableau grand format pour laisser deviner une amazone au sein nu et à l’oeil qui frise, une épée affûtée, l’épine dorsale d’un dragon ou le blason d’un château fort.

Au fond, le plus important chez Lauren Coullard qui pratique avec beaucoup d’aisance l’art du portrait et son pendant ancestral, celui du maquillage, est bien ce qui se cache et donne de l’épaisseur à ces peintures sur toile, sur mousse, sur bois et même parfois sur des paquets de céréales. On y retrouve d’abord les références littéraires escamotées, d’Alexandre Dumas à Gogol en passant par Pierre Louÿs, et puis la mise en condition que pratique l’artiste avant chaque peinture : la disposition du set et le choix d’une harmonie de couleurs qui la feront, c’est selon, monter à la verticale – c’est le cas du violet sombre et profond qu’elle utilise dans l’une de ses dernières séries – ou s’aventurer dans des plaines sans horizon, comme l’explique cette érudite qui « subit les couleurs » autant qu’elle essaye de les comprendre, en relisant, par exemple, Kandinsky. Il reste que derrière chaque châssis tendu main se cache réellement un collage format carte postale réalisé à partir d’images anciennes imprimées et rephotocopiées et de chutes plastifiées ramassées dans l’atelier.

On y découvre généralement des héroïnes à la face décomposée puis suturée, ressurgies des entrelacs de l’histoire de l’art ancien. Ce collage, invisible, est la boîte noire de chaque peinture de Lauren Coullard. À l’avenir, c’est vers des personnages cyborg que cette jeune artiste, co-fondatrice des ateliers partagés du Doc à Paris, entend se tourner.

Par Claire Moulène

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