Né en 1988 à Lille
Vit et travaille à Caen
Formation : ESAM, CAEN (2006 - 2011)
Supports utilisés : Pratiques mixtes
Artiste des déplacements, Romuald Dumas-Jandolo livre une vision discontinuiste du monde et de ses oripeaux au travers d’installations, sculptures, photographies, vidéos et dessins. Une approche nourrie de cultes, superstitions et mythologies confère à son travail, comme fardé sous un voile de Madone, l’ambiguïté d’une parade qui jouerait dans une église. Ces « situations de cirque » – versant populaire des formes d’Art total – caractérisées par la multiplicité des supports de représentation et « l’indéterminé au sein de l’action », désignent avec justesse une pratique en recherche permanente d’équilibre dans le foisonnement et d’hétérogénéité dans les références.
Les installations de l’artiste forment ainsi des paysages à l’emprise immédiate, dont on comprend après coup les enjeux. Scalps blancs ( Scalps, 2013), thorax rougi ( Thorax, 2017), ex-voto d’estomac (Avant que l’ombre ne passe, 2015), sous-vêtements féminins en couvertures de survie, pendus précaires au-dessus des ors de la République du Conseil Constitutionnel ( L’arbre qui cache la forêt, 2016) constituent un vocabulaire empreint d’ambivalence, entre formes vernaculaires, couleurs criardes, préciosité humide des céramiques, chatoiement des dorures et impudeur des sujets. Festin (2012) est le « tableaupiège » d’une scène de salle à manger ou de chambre : instruments dorés de ripailles et d’onanisme déposés sur du quartz noir comme en un vivarium. Les rites exhibés de la sorte, prières ou fêtes, assignent des figures symboliques de femmes – Madones ou Marianne – et des communautés à la célébration de la vie en présence de la mort sous son masque de clown ou de singe ( Le zoumia, 2017). Sans frontière entre sphère intime et espace partagé, de la chambre à la scène, le travail de Romuald Dumas-Jandolo admet tout comme représentable, puisque tout se côtoie, dans une pratique de fragments assemblés où les oeuvres valent pour elles-mêmes ou au sein de dispositifs catalyseurs de pulsions d’amour et de mort.
Par Audrey Teichmann