Née en 1989 à Marseille
Vit et travaille à Rennes
Formation : EESAB, Rennes (2010 - 2015)
Supports utilisés : Pratiques mixtes
En écho au malicieux sourire d’une Joconde réchauffée par Duchamp, l’image d’une sculpture antique prénommée Marcelle se voit affublée d’une moustache. Les reproductions de têtes de femmes sculptées, celle de Flora Mayo par Giacometti en 1927 et celle d’une Aphrodite, ont quant à elles été lacérées au niveau du cou, une décapitation post-mortem. Iconophile et iconoclaste, l’aisance avec laquelle Clémence Estève manie les images trouvées en ligne dépasse la rigueur archiviste et documentaire.
Dans ses installations, une histoire de l’art surgit sous la forme d’une matière vivante modulable comme de la terre crue. Du néo-classicisme à l’expressionnisme abstrait, en passant par Rodin et Manet, les modèles et références historiques sont remis en circulation et désacralisés.
Dépassant un rapport frontal mortifère, l’artiste donne un accès à la vie d’images amies. Elles quittent le statut de document numérique ou de monument pour être à nouveau en mouvement. Les grilles érigent de nouvelles perspectives et manifestent la vitalité concrète de ce jeu de construction.
Le musée imaginé par Clémence Estève est sensuel, incarné, personnel et inachevé, grâce à sa réinterprétation iconique pleine d’humour et d’hommages. « Tandis que jadis la galerie transformait tout ce qui s’y trouvait en art (et le fait encore à l’occasion), avec ces nouveaux médias, c’est l’inverse qui est vrai : ils ne cessent de remodeler la galerie à leur gré. »1
[1]. Brian O’Doherty, « L’atelier et le cube » in White Cube. L’espace de la galerie et son idéologie, Jrp Ringier, Maison Rouge, 2008.
Par Marie Bechetoille