Né en 1988 à Saint Chamond
Vit et travaille à Lyon
Formation : ENSBA Lyon, Lyon (2010 - 2016)
Supports utilisés : Dessin, Sculpture, Installation
Platon nous apprend que les choses sensibles imitent les idées et les incarnent sous une forme matérielle. C’est le cas des sculptures de l’artiste plasticien Cédric Esturillo. Ses objets sont fidèles à leurs « idées en soi » mais il les plonge dans un bain onirique qui ne permet pas toujours de les identifier immédiatement. Prenons l’exemple de la sculpture de son toucan, Tucana : elle est figurative, l’oeil peut aisément la classifier. Cependant l’incarnation modelée de ses créations présente une certaine ambiguïté qui leur confère un statut d’objet intermédiaire. Souvent usuels ou décoratifs, ses assemblages possèdent en effet une valeur de représentation volontairement floue qui ouvre la porte à la projection. Il interroge par là l’imagerie limitée de certains clichés (le toucan comme symbole de l’exotisme est ici déconstruit). Il déplace ainsi l’objet afin que celui-ci ne renvoie plus à sa donnée première. Il s’agit de sortir de représentations uniques, de distordre les formes pour toucher du doigt le fantasme et produire des images subliminales.
Sa sculpture Touchstone reprend par exemple le logo de la célèbre boîte de production des films des années 90. En la déclinant en volume et en céramique (avec trois différents grès), l’artiste s’approprie les codes d’une culture populaire en y ajoutant une dimension artisanale. C’est là une notion importante de son travail que de faire tomber le hiatus résiduel entre artisanat et art. Il veille, en utilisant le bois ou la terre de Larnage, à s’inscrire dans une tradition des savoir-faire ancestraux. Les figures dérivées de Cédric Esturillo pourraient être aussi bien exposées dans un musée d’art contemporain, d’art moderne ou encore d’Histoire naturelle. Son petit temple de terre Moloch Tongue en est l’illustration.
C’est le regardeur qui fait l’oeuvre d’art, Cédric Esturillo l’a compris. En tant que créateur, il y apporte une ambiguïté consciente qui corse davantage encore ce postulat.
Par Léa Chauvel-Lévy