Né en 1986 à Clermont-Ferrand
Vit et travaille à Paris
Formation : Ecole Supérieure d'Art de Clermont Métropole, Clermont-Ferrand (2005 - 2010)
Support utilisés : peinture
Entre zones de flou et détails nettement définis, effets de condensation et de superposition, brouillages et intensifications de motifs électifs, les peintures de Yann Lacroix semblent directement connectées aux processus de la mémoire. Une mémoire sensorielle et affective, coïncidant non pas avec ce qui serait de l’ordre d’une expérience pré-discursive, en-deçà ou au-delà du langage, mais au contraire avec une expérience toujours déjà informée par les représentations d’un imaginaire à la fois personnel et collectif. En l’occurrence, les expériences qu’il s’agit de raviver, ont trait au domaine de l’ailleurs, sinon à la recherche d’une sorte de jardin d’Eden dont les contours ont largement été redéfinis par les agences de voyage et l’industrie du tourisme.
Ainsi, à partir de ses souvenirs (images glanées sur Internet, séjours à l’étranger, environnement quotidien…), l’artiste peint des paysages volontairement composites, peuplés de palmiers et de bananiers, de serres tropicales et de piscines, de bungalow et de transats ombragés. D’une toile à l’autre se déploie l’iconographie mondialisée des destinations de rêve et paradis perdus préfabriqués, où affleurent çà et là les survivances d’un imaginaire colonial dont l’Occident peine à se défaire. Aussi, nul hasard si ces espaces au temps suspendu sont toujours perçus depuis l’extérieur et vidés de toute figure humaine, comme rendus à leur statut d’imagerie désormais inaccessible et inhabitable. Une sorte d’inquiétante étrangeté pèse sur eux, celle d’un réel devenu le simulacre de lui-même.
Par Sarah Ihler-Meyer