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Zoe Philibert

Née en 1991 à Albi
Vit et travaille à Montreuil

Formation : Ecole Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy, Cergy (2011 - 2016)
Supports utilisés : Performances, Pratiques mixtes

zoephilibert

Ring, 2016 Performance, Sérigraphie 80 x 60 cm Photo : Marc Domage

Attitudes Le live, 2017 Vidéo, Performance Photo : Hugo Caillaud / Théo Hillion

WAFA, 2016 Vidéo, 4 min 55 sec

WAFA, 2016 Vidéo, Danse 4 min 36 sec

Zoé Philibert produit vite et beaucoup. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si elle reprend, dans ses travaux récents, les codes du sitcom et de la télé-réalité, notamment en utilisant la décomposition en épisodes et personnages. Cette spontanéité créative est probablement liée à son activité de vidéaste, dans laquelle on trouve déjà la poésie et le travail d’écriture. Comme elle le formule lors de notre entretien : « Nommer n’est pas figer et je me demande alors comment dire s’articule avec faire ». Cette double appréciation de l’oeuvre provient d’un lien que l’artiste tisse entre les pratiques dites « du mouvement » et son travail sur la poésie expérimentale. À l’image des danseurs Boris Charmatz ou Jérôme Bel, Zoé Philibert se veut artiste-chorégraphe, qui bouge moins pour parler plus et qui fait danser à partir de l’écriture.

Ces formules-manifestes sont particulièrement sensibles dans deux travaux récents. Le premier est l’ensemble WAFA (We Are Fucking Angry), réalisé à partir d’un scénario de huit épisodes dans lequel une « bande », un groupe, est en quête d’un mouvement inédit : un geste. La présentation est immédiatement placée sous le signe de la formule littéraire : « Une sitcom anticipatrice qui ne sait pas trop ce qu’elle anticipe mais qui préfère anticiper que se faire surprendre. »
L’ensemble est, par ailleurs, réalisé sous le patronage d’une citation d’Edouard Levé : « Un homme tente des gestes impossibles et solitaires. »

La seconde oeuvre, sous le sceau de l’écrit comme du mouvement, est Ring. « Tout poème tend à la punchline » explique l’artiste, reprenant ici le « Tout poème tend au proverbe » de Francis Ponge. L’artiste y développe une activité d’écrivaine dans le mouvement, donnant corps aux phrases – au premier sens du terme – en leur permettant de se déplacer, de situer mais aussi de se faire face et de cohabiter. En extrayant une phrase d’un ensemble, l’artiste génère des rencontres entre des univers et des styles.
La pratique n’est pas sans rappeler les manipulations du cut-up de William Burroughs et Brion Gysin ou auparavant des surréalistes, que l’artiste semble ici vouloir incarner afin de déranger la volatilité subtile des mots d’un poème.

Par Léo Guy-Denarcy

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