• Imprimer

Emmanuelle Rosso

Née en 1985 à Saint Tropez
Vit et travaille à Lyon et Belle île en mer

Formation : UFC, Arts du spectacle, Besançon (2004-2005) ; Ecole Media Art fructidor, Chalon-sur-Saône (2007-2009) ; Ecole Nationale Supérieure d'Art, Limoges (2014 - 2015)
Supports utilisés : Pratiques mixtes

emmanuellerosso.com

Cinéraire, 2016 Vue installation, photographie numérique Dimensions variables

Last poem, 2016 Techniques mixtes sur papier Dimensions variables

Meet me here, 2015 Photographie numérique 180 x 300 cm

Quelque chose brûle derrière ton ombre, 2017 Gouache sur carton, 21 x 30 cm

« Comment habiter en dehors de chez soi ? » se demande Emmanuelle Rosso, qui a depuis peu installé son atelier à Belle-Île-en-Mer. Ses peintures, dessins, photographies, textes, films et performances frappent par la délicatesse de leur rapport à l’espace et prennent la forme d’une seule grande constellation qu’elle appelle le Blue Theater Project. « Le vide est-il un espace à vivre ? » Elle poursuit son investigation.
L’artiste se laisse traverser par ce qu’elle voit, travaillant à partir du souvenir d’une image ou d’une expérience et compose avec les manques, comme si ses sens pouvaient absorber son environnement pour ensuite le révéler sur une surface. Il s’agit d’une révélation graduelle, proche du processus d’apparition de la couleur dans la teinture – technique chère à l’artiste – ou du développement photographique, plutôt que de la représentation d’un motif existant. Ce potentiel esthétique du manque a mené Emmanuelle Rosso à réaliser Quelque chose brûle derrière ton ombre, peinture qui donne son titre à toute l’installation et puise ses sources dans le folklore slovène et les écrits de l’auteur mexicain Juan Rulfo. Ici, l’artiste revisite à sa manière une gravure de France Mihelič intitulée Le kurent mort ( Mrtvi kurent, 1953). En faisant disparaître le protagoniste de la scène, le kurent – figure majeure du carnaval slovène qui chasse l’hiver pour faire place au printemps –, elle plonge les autres personnages dans une matérialité pirandellienne.

Puis à travers des chaises, des aphorismes, un costume et un chapeau pointu, la narration sort du cadre et l’histoire se poursuit. L’artiste compose avec des éléments de nature différente aussi bien qu’avec un groupe d’arpenteurs-interprètes qu’elle met en scène depuis 2014 avec le projet itinérant de La Troupe Erratum, où l’oeuvre devient un terrain d’expérimentation collective. Dramaturge de l’espace, Emmanuelle Rosso nous plonge dans une polyphonie de tonalités, de supports et d’indices, nous invitant à un temps d’écoute pour construire notre narration et habiter le lieu d’exposition.

Par Martina Sabbadini

HAUT DE PAGE