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Mostafa Saifi Rahmouni

Né en 1991 au Maroc
Vit et travaille à Bruxelles

Formation : Hisk - La Cambre - beaux-arts de Tétouan, Gand - Bruxelles - Tétouan (2009 - 2017)
Supports utilisés : Photographie, Sculpture, Son, Vidéo, Installation

Morceau de pain, 2015 Bronze massif, 4 x 11 x 11 cm

L'intermédiaire, 2015 Bois, 8 x 85 x 21 cm Courtesy of Ashkal Alwan Photo: Marco Pinarelli

L'aquarium des mots, 2016 Verres, métal, papier 29 x 21 x 3 cm

The only way, 2016 Verres, impression sur papier 4 x 30 x 30 vm

« Mettre à l’abri toutes les images du langage et se servir d’elles, car elles sont dans le désert, où il faut aller les chercher ». Cet extrait du Captif amoureux de Jean Genet, lisible sur l’Aquarium des mots (2016), est à la fois épitaphe d’une oeuvre et prélude à la production de Mostafa Saifi Rahmouni. Son travail, abordable comme un ensemble de fragments, admettant l’incomplétude ou la violence de la représentation, constitue une vision de la condition humaine sans pompe, ni thème, ni identité, en dehors de la situation même où chaque oeuvre se forme.

L’Aquarium contient les résidus d’un texte gravé dans l’acier, noyés dans un bain d’huile dont la consistance retarde la chute : contemplation d’un discours disparu. Autres travaux du silence, la chaise de Looking for truth (2016) porte une assise de verre emmanchée d’une bouteille, allusion à une forme de torture pratiquée à l’encontre de contestataires, tandis que The City of the Livings (2017) se pose au sol, pour observer la cité sans fin des morts et le silence des vivants.
Il arrive que le temps requis à l’observation de ces oeuvres double celui requis à leur production : objets ordinaires, mais tels que le quotidien ou les rites les reformulent. Ainsi, des miches de pain entamées sont faites de bronze ( Piece of bread, 2015) – c’est le liant social, le pain noble.

Un bois de boucher ( L’intermédiaire, 2015) est la sculpture de centaines de pièces de chair coupées. Il y a là la place pour toutes sortes de forces de vie, et toutes manifestations de la mort : ainsi en est-il. Ces constats exercent lentement leur pouvoir de contamination sur le spectateur, que la monstration précise des oeuvres, condition de leur existence, force à regarder face à lui ou au sol, où une bande de poissons, frayant leur passage coûte que coûte autour d’un morceau de pain tombé dans une eau verte comme un bronze vieilli, illustrent dans leur présence mouvante et sculpturale l’inévitable loi du plus fort ( The only way, 2017).

Par Audrey Teichmann

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