Née en 1990 à Paris
Vit et travaille à Lyon
Diplômée des Beaux-Arts de Lyon
La nature du regard porté sur le corps de la femme, en particulier dans les médias dont le cinéma et la publicité, fait l’objet d’une déconstruction systématique dans le travail d’Hélène Hulak. Depuis ses études aux Beaux-arts de Lyon, dont elle est diplômée en 2018, elle s’inspire de l’imagerie banale qui promeut un érotisme objectivant du corps et participe à une vision sexualisée au service majoritairement d’un regard dominant et masculin. Ce prisme largement répandu impose aux femmes une vision déformée par des standards contraignants et caricaturaux.
Hélène Hulak propose de réinventer cette image en partant de ces représentations traditionnelles afin de créer une contre-représentation de la subversion, et pratique ainsi cette forme de « dérèglement » au sens que lui donne la philosophe Geneviève Fraisse pour qui « Dérégler permet de s’introduire dans le mécanisme, de le subvertir ou de le transformer. C’est un choix : non pas inventer un ailleurs, ou supposer une alternative, mais utiliser les éléments du passé à l’intérieur même d’une pratique de subversion.* »
Cette déconstruction de la représentation d’icônes féminines remet en question le regard masculin qui exploite le corps des femmes en produisant des images principalement au service de sa propre jouissance. Afin de débarrasser le corps de ces canons artificiels et opprimants, c’est la figure de la sorcière, l’usage de la caricature et la déformation de ces images iconiques qu’elle emploie.
Elle exprime ces enjeux par la violence de la couleur et le recours à des techniques artistiques dites abusivement « féminines » telles que la couture ou le tricot, qui prolifèrent dans le hall et la mezzanine du musée comme des toiles d’araignées. Débarrassé des codes surannés de la représentation du désir, le regard rencontre la puissance du corps libéré et réapproprié.
*Geneviève Fraisse, La sexuation du monde, Réflexions sur l’émancipation, SciencesPo Les Presses, 2016, p. 85
Texte par Matthieu Lelièvre