Née en 1992 à Montpellier
Vit et travaille à Marseille
Diplômée de la Ville Arson, Nice
Janna Zhiri est historienne, elle raconte des histoires effrontées de sa troupe imaginaire, les six cochonnx, à l’écrit et en performance, et fait aussi du dessin. Elle est en deuxième année au post-diplôme de la Coopérative de Recherche des Beaux-arts de Clermont-Ferrand où elle travaille sur la mise en place d’ateliers avec les adolescents au collège. L’artiste croise des thématiques multiples peu abordées par le système scolaire (la rumeur, le romantisme, l’oralité, la manifestation, etc.) en utilisant les outils proposés par les réseaux sociaux afin de les détourner, le tout sous un spectre humoristique et poétique.
Janna Zhiri a plusieurs personnages-alter ego, chacun ayant son compte Instagram : Franck_atoutvu est son drag qui fait de la récupération (fleurs, algues, pâte à pizza périmée, etc.) pour faire des « maquillages » et expérimente les genres et postures. Elle est aussi Caniche-pedex-eros et écrit des pensées érotiques.
En 2014, elle a été confrontée, suite à son AVC et aux erreurs médicales, à un état de mobilité réduit qui, une fois plus ou moins réglé, a achevé l’idée du corps contenu. Les rouleaux de dessins sont apparus comme une logorrhée qui ne finit pas, une sorte de diarrhée pro-vitale et imaginaire, pro-brut, pro-fantasme. C’est la transgression du narratif coloré, déni du terne, du non-guéri (ce qui est son cas). Le pastel sec est sa douceur, c’est peindre avec du pigment presque pur, un shot de couleur, peindre avec ses doigts.
Se pose la question du subi/du non-volontaire, l’artiste a une pratique de réaction, mais comment, une fois que l’événement est passé, ré-réfléchir les formes, les spontanéités ? Les images et les narrations ? Ce sont ses réflexions en ce moment, et l’artiste est en train de créer des automates qui vont sortir du dessin, à la manière des holly holes.
De cette expérience, elle n’en garde surtout le rêve glaçant, des possibilités multiples et chimériques, poétiques et mélancoliques, politiques, ça n’en finit pas, un œuf au plat flirt avec une étoile, même loin. Quand l’attente est longue dans les chambres d’hôpital, on commence à parler avec le plafond, à y imaginer tous les possibles. Il reste les histoires et la fiction, la réalité est terre à terre, alors qu’un pétale de géranium peut tomber amoureux d’un balcon.
Passionnée par les story-telling dominants, elle cherche à ré-utiliser leur forme pour écrire des contes a-moraux, d’histoires d’autostoppeuses gay avec des cornets de glace sur la tête, qui prennent les voitures pour des saunas avec son collectif imaginaire les 6 cochonnx. Ils imaginent et militent pour des géographies sexuelles en public et en collectif.
Ses récits, ses rouleaux de paroles d’images sont des supports à raconter, à déclarer, à divertir en croisant conviction, humour, traits grossiers et grinçants. Le récit sauve et pullule.