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Hélène Hulak

Au bain (partie 1 et 2)
Molleton, tissus divers, perles brodées main et broderies machine
350 x 180 x 70 cm et 200 x 120 x 70 cm
2025

Au bain
Peinture
400 x 280 cm
2025

Hélène Hulak présente une série de quatre œuvres pour le parcours hors les murs du Salon, place Emile Cresp.

Née en 1990 à Paris

Vit et travaille à Lyon

Diplômée des Beaux-Arts de Lyon

http://helenehulak.com

@helene_hulak

Hélène Hulak est née en 1990. Elle travaille à Lyon. Elle est diplômée de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon.

Par Matthieu Lelièvre

Interrogée sur de possibles filiations, Hélène Hulak évoque certaines affinités avec les sculptures d’Eva Hesse qu'elle considère comme une source d’inspiration. Avec ses « sculptures textiles étendoirs à linge » molles, composées de volumes suspendus, gonflés et irréguliers, elle produit des œuvres qui viennent volontiers à la rencontre des spectateur·rices quand elles ne tentent pas de les avaler. En concevant des environnements généreux, débordants et colorés, composés de figures de carnaval, de sorcières et d’épouvantails et des peintures murales à la palette dissonante et surprenante, on décèle un lien fort à certaines traditions de la culture populaire. Mais loin de se situer dans le populaire du pop-art — qui détournait, dans les années 60, la culture de la consommation pour mieux célébrer la « société du spectacle » —, c’est plutôt dans la lignée de Dorothy Iannone, de Kiki Kogelnik ou de Moki Cherry qu’elle inscrit son esthétique autant que ses convictions. Elle estime, en effet, que « contrairement à de nombreuses idées reçues, on peut être pop et féministe », l'approche étant celle d'« utiliser les outils de l’ennemi. »

Au lieu de situer son travail dans une démarche réflexive sur l’art, qui ne s'adresserait qu'à une minorité privilégiée, le pop d’Hélène Hulak s’appuie sur un registre emprunté au domaine de la publicité. Prélever ces images séduisantes, colorées et brillantes dans les médias de masse, ne relève pas de l’hommage et encore moins de la fascination, mais bien d’une stratégie. Il ne reste alors plus qu’à les détourner en en exacerbant les formes et les couleurs, de manière à créer un sentiment de déjà-vu capable de flirter avec une « inquiétante étrangeté ». Cette référence au concept du Unheimliche de Sigmud Freud n’est pas une provocation mais un détournement, permettant aux œuvres de se retourner contre celles et ceux qui les observent. L'artiste peut ainsi, par cette méthode, infiltrer l’inconscient avec des sujets engagés qui lui sont chers, comme le féminisme.

C’est ainsi que ses recherches actuelles l’ont amenée à s’intéresser à des lieux intimes tels que la salle de bain. Espace privé, haut lieu de la nudité et du soin, il est fréquemment exploité dans l’univers du cinéma, de la télévision et de la presse pour proposer le corps de la femme — et de l’homme — en appât aux consommateur·rices. Ce paradoxe de l’intimité, livrée en pâture à l’œil intrusif, est renforcé par les publicités qui tournent en boucle pour célébrer les shampoings, les soins pour la peau, et tous ces produits vendus pour être toujours plus séduisant·es, plus jeunes et plus heureux·ses. Le travail d’Hélène Hulak prend ainsi la forme d’une scène ou d’un plateau de cinéma où serait filmée une séquence, ce qui lui permet d'interroger les modes d’implication des spectateur·rices, tout en suscitant un questionnement méthodique de la mobilisation du corps et du regard.

Au cinéma, Hélène Hulak remarque que la salle de bain est le lieu privilégié des assassinats, comme si « l'imaginaire du plaisir buggait à cet endroit-là ». C’est précisément dans cette familiarité dérangeante que l’artiste cherche à provoquer ce bug ou ce glitch et, par là même, le déclic du questionnement.

Hypnotic Poison (Mila Jovovitch edition), 2021
Sculpture souple et peinture murale, 200 x 120 cm, crédit photo : Tomáš Souček.

Bey, 2023
Sculpture souple, textile et étendoir à linge, 180 x 69 x 69 cm, production : Le Basculeur, crédit photo : Lola Fontanié.

J'adore

© Tomáš Souček

Bey

© Lola Fontanié

Kelly

© lola Fontanié

Beware of Margaret

© Quentin Chevrier production macLyon

Road Trip

© Lucas Zambon

La Marche

© Lucas Zambon

Hélène Hulak was born in 1990. She works in Lyon. She graduated from École nationale supérieure des beaux-arts of Lyon.

By Matthieu Lelièvre

When asked about possible artistic filiations, Hélène Hulak evokes certain affinities with the sculptures of Eva Hesse, whom she considers a source of inspiration. With her limp “clothesline textile sculptures,” composed of suspended, inflated and irregular volumes, she produces works that willingly come to meet the viewer, if not swallow them. Her generous, overflowing and colourful environments, composed of carnivalesque figures, witches and scarecrows, as well as murals with dissonant and surprising palettes, reveal a strong link to certain traditions of popular culture. But far from situating herself in the popular world of pop art — which, in the 1960s, hijacked consumer culture to better celebrate the “society of the spectacle” — it is rather in the tradition of Dorothy Iannone, Kiki Kogelnik or Moki Cherry that she inscribes both her aesthetic and her convictions. In this way, she believes that “contrary to many preconceived ideas, you can be pop and feminist,” her approach appropriating “the tools of the enemy.”

Instead of situating her work within a reflexive approach to art, which would only appeal to a privileged minority, Hulak's pop aesthetic relies on a register borrowed from the realm of advertising. Taking these seductive, brightly colored images from mass media is not an homage, and even less a sign of fascination, but a strategy. It’s a matter of simply diverting these images through exacerbating their shapes and colors, to then create a sense of déjà-vu capable of flirting with the uncanny. This reference to Sigmud Freud's concept of the Unheimlich is not a provocation but a detour, allowing the works to resist those who observe them. In this way, the artist can infiltrate the unconscious with political subjects close to her heart, like feminism.

This is how her current research has led her to take an interest in intimate spaces such as the bathroom. A private space, a place of nudity and care, it is frequently exploited in the worlds of cinema, television and the media, using the female — and male — body as bait for consumers. This paradoxical intimacy, offered up as fodder for the intrusive eye, is reinforced by looping advertisements that vaunting shampoos, skincare products and everything else that promises to make us look younger and happier. Hulak's work takes the form of a cinema set or stage on which a sequence might be filmed, enabling her to methodically question the ways in which viewers — their body and gaze — are mobilised.

In cinema, Hulak remarks that the bathroom is the preferred location for assassinations, as though “this were where the imaginary of pleasure freezes up”. It is precisely within this disturbing familiarity that the artist seeks to provoke this glitch, and, by the same token, a critical awakening.

Hypnotic Poison (Mila Jovovitch edition), 2021
Soft sculpture and wall painting, 200 x 120 cm, photo credit: Tomáš Souček.

Bey, 2023
Soft sculpture, textile and clothesline, 180 x 69 x 69 cm, production: Le Basculeur, photo credit: Lola Fontanié.

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